mercredi 26 novembre 2008

Le démantèlement du système de soins en pratique

Le 1er décembre 2008 marquera le 20ème anniversaire de la Journée mondiale Contre le sida. Depuis 1988, les efforts déployés pour contrer l’épidémie ont eu des résultats positifs ; pourtant, le dernier rapport de l’ONUSIDA sur l’épidémie mondiale indique qu’elle n’est encore jugulée dans aucune des régions du monde.

C’est dans ce contexte qu’à Paris, l’hôpital Saint-Joseph supprimera à la fin du mois de novembre, son service de maladies infectieuses.
Certainement une “bonne” raison pour opérer cette fermeture : modernisation des outils ou inutilité du service ? Non, car il s’agit tout simplement d’une recherche de rentabilité comme le précise le directeur de l’établissement, Yves Barrault :
Compte tenu du contexte actuel, la mise en place de la T2A (tarification à l’activité pour financer l’hôpital à l’activité NDLR) notamment, nous sommes contraints de fermer un certain nombre d’activités, dont l’unité des maladies infectieuses. Mais c’est un petit service de 11 lits seulement”.
Pas tout à fait de cet avis, Xavier Rey-Coquais, le coordinateur du réseau Actif santé précise : “Les consultations VIH sur Paris et les alentours sont saturées et on ferme ce service. Les gens, dont certains sont suivis ici depuis plus de dix ans, ne comprennent pas. Ils ne comprennent pas que la rentabilité, car c’est bien le motif invoqué, prime sur leur santé. Un patient séropositif ne rapporte pas d’argent, comme tous les patients atteints de maladies chroniques. Tout cela est la conséquence de la mise en oeuvre brutale de la T2A”.
500 patients non rentables sont ainsi “licenciés” par leur hôpital, comme l’indique ci-contre l’invitation à une manifestation débat le jeudi 27 novembre 2008.

Si vous ne pouvez pas vous rendre à Paris pour défendre l’hôpital public, vous pouvez agir à proximité, car les mêmes mécanismes sont à l’œuvre partout en France, à des degrés divers.
Plus de renseignement sur la situation de Saint-Joseph à http://www.actif-sante.org/

lundi 17 novembre 2008

Hôpital en danger

L’ensemble des hôpitaux publics en France va mal. Ils sont presque tous déficitaires, cumulant une dette globale de 800 M€ en 2007 selon la Fédération Hospitalière de France et, sont à peu près tous menacés de fermetures de services, de transferts d’activités ou de restructurations ! (240 hôpitaux sont en situation de vulnérabilité, sans compter tout ce qui a été supprimé auparavant, soit plus de 100 000 lits depuis 1991 et plus de la moitié des maternités, toujours selon la FHF).
Depuis des années les budgets attribués aux hôpitaux publics sont insuffisants. Ce désengagement financier de l’État ne peut provoquer que des déficits budgétaires, avec pour conséquence des fermetures d’hôpitaux et de cliniques, des suppressions de postes et de services. Comme l’annonçait François Fillon en octobre 2007, "La réforme de l'Etat, c'est moins de personnels, moins de services, moins d'Etat". Ainsi, les SROSS (Schéma Régional d'Organisation Sanitaire et Sociale) préparent une régression du système de soins, basée non pas sur les besoins des patients, mais sur la recherche d’une rentabilité financière.
Pour se faire une idée de l’ampleur de ce mouvement de déstructuration de l’aménagement du territoire, voici un état des lieux de la situation, département par département :
Ain : Ambérieux-en-Bugey (maternité), Belley (maternité et chirurgie), Nantua (urgences, maternité et SMUR), Oyonnax (cardiologie), Hauteville (fusion administrative de 3 établissements) ; Aisne : Château-Thierry (urgences et plusieurs spécialités), Villiers-Saint-Denis (soins intensifs en cardiologie), Chauny (chirurgie), Hirson (chirurgie) ; Allier : Tronget (moyens séjours -195 lits dans le département) ; Alpes de Haute Provence : Digne (pédiatrie et psychiatrie, la C.L.E.), Sisteron (plan de restructuration qui prévoit la suppression de 69 emplois) ; Hautes Alpes : Embrun (plan de retour à l'équilibre, 18 postes supprimés), 30 à Gap (plan de redressement, 69 postes supprimés), Briançon (60 suppressions de postes) ; Alpes Maritimes : Nice CHU (déficit de 37 M€ ???) ; Ardèche : Aubenas (ORL, ophtalmologie, néonatologie et réanimation), Annonay (suppression de postes), Tournon (maternité), Privas (maternité), Saint-Agrève (maternité) ; Ardennes : Rethel (fermeture), Revin (maternité), Sedan (fermeture après restructuration avec l’hôpital de Charleville-Mézières) ; Ariège : Saint-Lizier (maternité), Lavelanet (maternité) ; Aube : Bar-sur-Aube (maternité) ; Aude : Lézignan-Corbières (médecine et hospitalisation de jour faisant suite aux fermetures de la maternité, de la chirurgie, et des urgences), Quillan (chirurgie), Narbonne, (urgences), Castelnaudary (maternité) ; Aveyron : Decazeville (maternité), Saint-Affrique (chirurgie, fusion avec Millau) ; Bouches du Rhône : Marseille (fermeture de l’hôpital Sainte-Marguerite), Aubagne (plan de redressement, fermeture de services, -15 lits en chirurgie) ; Calvados : Aunay-sur-Odon (maternité), Bayeux (clinique Croix-Rouge sauf maternité), Caen (cancérologie), Caen (CHS, suppression de lits), Caen (Miséricorde, urgences), Lisieux (plan de retour à l’équilibre financier prévoyant 70 suppressions de postes) ; Cantal : Mauriac (maternité et chirurgie), Saint-Flour (maternité) ; Charente : Ruffec (chirurgie), Barbezieux (maternité), Cognac (maternité, suppression de postes) ; Charente Maritime : Jonzac (maternité) ; Cher : Saint-Amand-Montrond (chirurgie, maternité) ; Corrèze : Ussel (maternité, cardiologie, périnatalité, rééducation fonctionnelle et urgences menacés par une fusion entre Brive et Tulle) ; Corse du Sud : Porto-Vecchio (maternité), Ajaccio (320 suppressions de postes sur un total de 1 500, premier hôpital de France placé sous administration provisoire (10/08) en raison de son déficit) ; Côte d’Or : Châtillon-sur-Seine (maternité) ; Côtes d’Armor : Loudéac (fermeture), Guingamp (chirurgie, fusion de l’hôpital et d’une clinique), Paimpol (maternité), Dinan (maternité) ; Creuse : Guéret (médecine et chirurgie) ; Dordogne : Sarlat (maternité), Libourne (suppression de lits), Vauclair (fermeture du CHS) ; Doubs : Audincourt (maternité), Montbéliard (diabétologie et suppression de lits) ; Drôme : Romans et de Saint-Vallier (fusion), Die (maternité et chirurgie), Valence, Crest et Montélimar (suppression de services) ; Eure : Gisors (maternité), Verneuil (maternité), Pont-Audemer (maternité), Bernay (fusion avec une clinique privée), Évreux-Vernon (fusion des deux hôpitaux) ; Eure et Loir : Châteaudun (chirurgie) ; Finistère : Concarneau (fermeture des urgences de nuit), Landerneau (plateau technique d’une clinique), Douarnenez (maternité), Carhaix (obstétrique, maternité et chirurgie), Quimperlé (pédiatrie et urgences de nuit envisagée), Pont-l’Abbé (maternité et urgences), Brest (transfert vers Rennes des activités d'allogreffes (greffes de donneurs) de moelle osseuse et de neurochirurgie pédiatriques) ; Gard : Alès (urgences), Bagnols (maternité), Pont-Saint-Esprit (gériatrie), Uzès (psychiatrie) ; Gironde : Arès, Arcachon et Blaye (maternité), La Réole (obstétrique), Lesparre (maternité), Sainte-Foy (chirurgie et urgences) ; Hérault : Lunel et Ganges (maternité), CHU Montpellier (-2 583 lits), Sète (urgences et réanimation) ; Ille et Vilaine : Redon (psychiatrie) ; Indre : Le Blanc (fermeture) ; Indre et Loire : Chinon (chirurgie), Loches, (gynéco-obstétrique), Ambroise (maternité), Chinon (maternité et urgences), Château-Renault (maternité), Tours (fermeture de la maternité du Beffroy et de l’hôpital des Grandes Brosses) ; Isère : Champagnole (maternité et chirurgie), Le Pont-de-Beauvoisin (maternité) ; Jura : Salins-les-Bains (SMUR-urgences et médecine), Dole (ORL) ; Landes : Aire-sur-Adour (maternité), Mont-de-Marsan (fusion des hôpitaux Saint-Anne et Layné), Dax (obstétrique, 2 cliniques privées) ; Loir et Cher : Vendôme (chirurgie et maternité) ; Loire : Firminy (maternité) ; Haute Loire : Brioude (maternité et chirurgie), suppression de 80 lits dans le département ; Loire Atlantique : Montbert (fermeture), Nantes (CHU : psychiatrie adulte, orthopédie, microchirurgie de la main), Saint-Nazaire (maternité-obstétrique, cancérologie, chirurgie, ORL), Ancenis (chirurgie, urgences et maternité) ; Loiret : Pithiviers (maternité) ; Lot : Figeac (maternité), Gourdon (maternité), Saint-Céré (maternité et chirurgie) ; Lot et Garonne : Agen (-70 lits), Marmande-Tonneins (chirurgie et maternité), Villeneuve-sur-Lot (chirurgie), Fumel (médecine), suppression de 113 lits sur le département ; Maine et Loire : Angers (cardiologie, chirurgie orthopédique et chirurgie vasculaire), Saumur (chirurgie orthopédique et chirurgie viscérale) ; Manche : Granville (réanimation, chirurgie viscérale, chirurgie orthopédique et urgences), Saint-Hilaire-du-Harcouët (chirurgie, maternité et urgences), Valognes (chirurgie et maternité), Coutances (chirurgie, maternité et urgences), Cherbourg (hôpital militaire) ; Marne : Châlons-en-Champagne (fermeture de l’hôpital militaire), Reims (cancérologie), Sainte-Menehould et Épernay (maternités) ; Mayenne : Laval (suppression de 25 postes) ; Meurthe et Moselle : Longwy (plan de restructuration) ; Meuse : Bar-le-Duc (néonatalité) ; Morbihan : Auray (urgences), Malletrois (maternité) ; Moselle : Freyming, Hayange et Merlebach (maternités), Thionville (néonatalité et gériatrie), Bitche (maternité et chirurgie), Sarreguemine (néonatalité) ; Nièvre : Clamecy (maternité et chirurgie), la Charité-sur-Loire (CHS), Decize (maternité et chirurgie), Cosne sur Loire (maternité) ; Nord : Douai (fusion de deux cliniques, -40 lits), Le Cateau (maternité), Roubaix (déficit prévisionnel de 6,5 M€, suppression de 190 postes et fermetures d'activités) ; Oise : Méru (fermeture de l’hôpital, fusion avec Beaumont dans le Val-d’Oise), Senlis (urgences), Clermont (maternité, urgences, CHS, psychiatrie et -800 lits) ; Orne : Alençon, Flers, Argentan, Laigle, Mortagne, Montfront, La Ferté-Macé et Sées (menaces de suppressions de lits) ; Pas de Calais : Cucq (maternité), Bruay-la-Bussière et Auchel (fusion des deux hôpitaux, -30 lits) ; Puy de Dôme : Clermont-Ferrand (chirurgie), Riom (maternité et urgences), Ambert (maternité), Thiers (urgences et maternité), Issoire (urgences) ; Pyrénées Atlantiques : Orthez (maternité, pneumologie et pédiatrie), Oloron (maternité), Saint-Jean-de-Luz (maternité), Saint-Palais (maternité) ; Hautes Pyrénées : Lannemezan (maternité et psychiatrie), Lourdes (réanimation, chirurgie et maternité) ; Pyrénées Orientales : Cerdagne (fermeture), Prades (maternité), Céret (maternité), Cerbère (délocalisation du Centre Bouffard-Vercelli sur Perpignan), suppression de 665 lits dans le département ; Bas Rhin : Ingwiller (maternité) ; Haut Rhin : Guebwiller (maternité et chirurgie), Thann (maternité et unité de soins intensifs) ; Rhône : L’Arbresle (maternité), Lyon (suppression de services à Édouard-Herriot, fermeture des hôpitaux Debrousse et Anticaille), Tarare (maternité), Villefranche (suppression de services) ; Haute Saône : Gray (maternité), Lure et Luxeuil-les-Bains (suppressions de services) ; Saône et Loire : Autun (fermeture), Montceau Les Mines (chirurgie, pédiatrie et maternité) ; Sarthe : Le Mans (cardiologie, chirurgie orthopédique, microchirurgie de la main et chirurgie vasculaire), Sablé-La Flèche (fusion des maternités) ; Savoie : Aix-les-Bains (chirurgie et ORL), Moutiers (maternité), Bourg-Saint-Maurice (fermeture saisonnière de la chirurgie), Saint-Jean-de-Maurienne (maternité) ; Haute Savoie : Bonneville (fermeture), Évian (maternité), Chamonix (maternité et urgences), Rumilly (fermeture) ; Paris : fermeture de l’Institut Pasteur (15e), des hôpitaux Boucicault (15e), Broussais (14e), Rothschild (12e), Laennec (7e), Hôtel-Dieu (4e) et de la Clinique des métallurgistes (11e) / Cochin-Saint-Vincent-de-Paul (fusion, -150 lits), Pitié-Salpêtrière (13e, urgences pédiatriques), Saint-Joseph (14e, suppression du service de maladies infectieuses et restructurations), Tenon (20e, urgences), Saint-Louis (urgences), Trousseau, Saint-Antoine, Robert-Debré (transfusion sanguine) ; Seine Maritime : Le Havre (150 postes supprimés en 2008) ; Seine et Marne : Nemours (urgences), Melun (urgences chirurgicales de nuit, chirurgie et cardiologie) ; Yvelines : Poissy (médecine et neurologie), Meulan - Les Mureaux (regroupement chirurgie), Le Chesnay (transfusion sanguine) ; Deux Sèvres : Niort (chirurgie et obstétrique), Parthenay (chirurgie), Thouars (obstétrique), Parthenay, Bressuire et Thouars (projet de fusion) ; Somme : Abbeville (néonatalogie), Corbie (maternité), Péronne (maternité), Montdidier (maternité et chirurgie), Doullens (maternité), Amiens (CHU : chirurgie cardiaque et neurochirurgie) ; Tarn : Mazamet (fermeture, regroupement avec Castres), Lavaur (maternité, urgences et chirurgie), Albi (regroupement de deux cliniques) ; Tarn et Garonne : Moissac (maternité), Montauban (urgences) ; Var : Toulon Font-Pré (maternité), Brignoles (maternité), Saint-Tropez - Gassin (fusion de deux maternités) ; Vaucluse : Apt (maternité et chirurgie), Valréas (maternité et chirurgie), Cavaillon (chirurgie), Vaison-la-Romaine, Apt et Orange (amputation de services) ; Vendée : Les Sables-d’Olonne (urologie, cardiologie et gynécologie), Fontenay-le-Comte (chirurgie), Montaigu (maternité et urgences), Luçon (médecine et chirurgie), Challans (fusion), Fontenay-le-Comte (chirurgie viscérale et chirurgie orthopédique) ; Vienne : Poitiers (transfusion sanguine), Loudun (maternité), Montmorillon (services menacés) ; Haute Vienne : Saint-Junien (maternité) ; Vosges : Gérardmer (urgences), Remiremont (néonatalité), Vittel (urgences) ; Yonne : Avallon (réanimation et maternité), Joigny (maternité, chirurgie et anesthésie) ; Belfort : (pédiatrie, hôpital de jour gérontologique, radiographie, psychiatrie et suppression de lits) ; Essonne : Juvisy-sur-Orge (maternité et chirurgie), Évry Sud-Francilien (-20 lits de chirurgie et -9 lits de neurologie), Villejuif Institut Gustave Roussy (155 postes supprimés dont 10 de médecins dans les prochains mois), Dourdan et Étampes (fusion) ; Hauts de Seine : Colombes Louis-Mourier (urgences et transfusion sanguine), Garches Poincaré (transfusion sanguine) ; Seine Saint Denis : Bondy Jean-Verdier (transfusion sanguine) ; Val de Marne : Ivry-sur-Seine Jean Rostand (suppression du service de rééducation prévu pour la mi-décembre, transfert de la maternité en mai 2009 sur Bicêtre et fermeture de l’hôpital à suivre), Ivry-sur-Seine Charles Foix (-25 lits de médecine gériatrique et -87 lits de soins de suite et de réadaptation SSR et de soins de longue durée SLD), Villejuif Paul-Brousse (transfusion sanguine et -160 lits de soins longue durée), Villejuif Institut Gustave Roussy (plan de retour à l'équilibre = 155 emplois supprimés dont 10 médecins) ; Val d’Oise : Argenteuil (urgences et -30 lits de médecine), Beaumont (chirurgie), Montmorency (fermeture des services de chirurgie viscérale, chirurgie orthopédique et réanimation, pôle femme-enfant, urgence et gériatrie aiguë ; disparition programmée de l’hôpital) ; Martinique : la Trinité (chirurgie).

Cette liste (non limitative) donne le vertige.
Un peu partout en France, les populations tentent de s’organiser, de lutter pour inverser ces actions de démantèlement [cf. http://www.coordination-nationale.org/
] car l’hôpital public est un élément clé de la cohésion sociale. La volonté affichée par le gouvernement Fillon est de faire de la santé un bien marchand comme un autre, avec notamment la mise en œuvre de la tarification à l’activité. A terme, c’est l’égalité d’accès et la qualité des soins qui sont menacées. Pour plus de renseignement sur le sujet, cf. Hôpital public : état d'alerte [Rapport (format PDF) rédigé par la Fédération Hospitalière de France sur les menaces qui pèsent aujourd'hui sur le service public de santé. Pour le télécharger, www.fhf.fr/file.php?tb=evenement&at=id_evenement&px=fic2&id=71].

Exemple pratique de ce mécanisme implacable :
À Digne-les-Bains, le Directeur de l’hôpital a été mis en demeure par l’Agence Régionale de l’Hospitalisation (A.R.H.), organisme de tutelle d’Etat, d’établir un “plan de redressement financier”, du fait d’un “déficit” (en réalité, un manque de crédits de fonctionnement) structurel permanent de 4,5 M€ / an ; il a ainsi fait adopter par le Conseil d’Administration le 1er juillet 2008 ce plan prévoyant la non reconduction de 36 contrats de travail à durée déterminée (C.D.D.) et la fermeture pure et simple de deux services : le service de pédiatrie et le service psychiatrique de cure de sevrage en alcoologie de 18 places (la C.L.E.). Ceci est un début, car le but est de transformer les centres hospitaliers de proximité en “centres de gériatrie” consacrés uniquement aux soins aux personnes âgées dépendantes (comme cela s’est déjà produit dans notre département pour les 11 hôpitaux locaux). Ainsi, ces hôpitaux perdront à terme tous leurs services actifs de soins aigus, c’est-à-dire la maternité, la chirurgie, la réanimation, les urgences, la médecine, la psychiatrie… avec pour objectif, la concentration des services de soins dans les grandes métropoles régionales (Marseille et Nice en l’occurrence). Cela signifiera pour les habitants du bassin dignois : l’insécurité sanitaire, l’absence de soins rapides, le handicap ou la mort faute d’intervention médicale immédiate, des déplacements longs, pénibles, coûteux et polluants dans un environnement géographique rural. Pour le malade transféré à 150 km, la solitude, la souffrance morale d’être éloigné de son domicile, de son soutien familial. Pour le malade “psychiatrique”, une souffrance médicalement prise en charge à minima, mal apaisée, d’où une errance aggravée, à la charge ou non des services sociaux locaux déjà débordés. Pour les familles, la pénibilité et le coût des déplacements pour rendre visite aux malades. En résumé, une réelle dégradation générale de la vie des habitants, ce qui entraînera leur fuite vers les métropoles régionales et contribuera fortement à la désaffection de notre ville et la désertification de son bassin de vie.
Nous pouvons agir face à cette situation ; une mobilisation citoyenne s’est déjà constituée autour d’un Collectif de Défense de l’hôpital de Digne-les-Bains, avec une pétition ayant recueilli 5000 signatures. La prochaine réunion de ce collectif aura lieu le 24 novembre, salle de l’Abbé Féraud, centre Desmichels à Digne-les-bains, à partir de 18 heures. Ne laissons plus les technocrates décider pour nous. Obligeons nos représentants à nous consulter et à nous entendre, enfin !
Tract d’information disponible à http://www.coordination-nationale.org/regions/Provence%20alpes%20du%20sud/Digne/TRACT_COLLECTIF_CITOYEN_DE_DEFENSE[1].htm

dimanche 2 novembre 2008

À propos du Casino…

Conseil Municipal de Digne-les-Bains, mercredi 29 octobre 2008
extrait


“Monsieur le maire,
Nous nous sommes opposés à ce projet lors de la consultation publique menée à votre initiative. À la suite d’une faible participation, une majorité de votants avait émis un vote favorable à cette implantation.
Il est vrai que les perspectives financières pour la commune, au moins en théorie, pouvaient paraître intéressantes.
Une seule entreprise avait finalement décidé de venir sur Digne-les-Bains.Le casinotier nous proposait une réalisation très complexe dans ses services et dans sa structure qui nous avait laissés très réservés sur sa capacité à tenir jusqu’au bout ses engagements (plus de 10 M€ d’investissements).
L’État a décelé une faille juridique dans le contrat, insurmontable, qui vous a conduit à abandonné le pétitionnaire. Je dirais un grain de sable pour ne pas dire "un petit caillou"
[du nom du casinotier Jérôme Caillou, PDG de la société varoise Atoll Finances NDLR] qui a fini par gripper l’élan politique qui avait été donné par cette consultation et les votes successifs de CM.
J’avais exprimé ici même le souci qu’il convenait d’avoir de ne pas mettre notre ville dans des difficultés financières nouvelles. Au coût d’investissement du montage de la DSP pouvait s’ajouter, celui toujours possible d’une demande d’indemnités formulées par le délégataire.
Il me semblait que pour des raisons de cohérence financière mais aussi de crédibilité de la ville dans l’engagement pris, il fallait aller au terme de ce processus. L’État, garant de l’intérêt général et plus particulièrement de celui de la ville, a eu le dernier mot.
L’État a gagné son procès contre la ville en obtenant l’annulation du contrat de la DSP.
Les compteurs sont donc remis à zéro. Une nouvelle consultation va démarrer, avec la saisine de la commission consultative. Et c’est au Conseil Municipal de donner l’autorisation de relancer ce projet.
Ce sujet revient devant les élus, et par conséquent dans l’actualité dignoise, au pire moment. Celui d’une crise majeure du système financier, aux répercussions profondes économiques et sociales. Le jeu de mot est facile : le casino mondialisé s’effondre !

La débâcle en cours, son intensité, montrent bien le danger mortel que courent nos économies "financiarisées" de s’écarter comme elles l’ont fait depuis 30 ans, de la production matérielle, industrielle...
Le surplus de capital venant de l’activité réelle; celui qui a été réinvestit dans la production jusqu’au milieu des années 60, le capital fictif dirait Marx.
Les capitalistes industriels ont décidé de le faire fructifier par des placements financiers internationaux. C'est le début de la financiarisation de l'économie avec toutes les dérives que nous connaissons.
Le capitalisme doit, pour continuer à générer du profit, se financiariser et se réfugier dans la spéculation. La création fictive de richesse à partir de la spéculation ; le nouveau credo des capitalistes ! Avec ces temples et ses icônes...
Le développement des casinos s’est construit dans le lit de cette croyance nouvelle de l’argent facile, gagné à partir de rien, si ce n’est le hasard.
Les difficultés sociales à venir, nous imposent de la retenue ; n’ajoutons pas de la crise à la crise, de la misère à la misère !
Ce projet nous parait décalé, déplacé et économiquement encore plus fragile qu’il y a 3 ans.
Les élus verts voteront contre.”
(déclaration de Philippe Berrod, Conseiller Municipal de Digne-les-Bains)