vendredi 30 mai 2008

Bientôt des champignons génétiquement modifiés pour produire des agrocarburants ?


Pour dégrader toute sorte de matière végétale en sucres facilement transformables en alcool, les champignons semblent prometteurs. Le Trichoderma reesei dont le génome vient d’être décodé pourrait ainsi permettre la production d’agrocarburants.
Dans un contexte de défiance envers les carburants produits à partir de denrées alimentaires comme le maïs ou la betterave, les recherches sur les agrocarburants de seconde génération fabriqués à partir de n’importe quelle matière végétale se poursuivent. Certaines recherches cherchent à diversifier la ressource. Le projet SHAMASH de l'institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) travaille par exemple sur une production à partir de microalgues autotrophes. Ces microorganismes peuvent accumuler jusqu'à 50% de leur poids sec en acides gras, permettant d’envisager des rendements à l'hectare supérieurs d'un facteur 30 aux espèces oléagineuses terrestres. D’autres équipes se concentrent sur la technique et misent par exemple sur la thermochimie pour produire un carburant de synthèse liquide à partir de la biomasse. C’est le cas du CEA en France qui en coordination avec l’Institut français du pétrole mène le projet Biocarb. Certains travaux sont quant à eux axés sur les moyens de dégrader la cellulose afin d’élargir les sources possibles de biomasse et dans cette voie les microorganismes semblent prometteurs.
Un champignon en particulier a attiré l’attention des scientifiques du laboratoire Architecture et fonction des macromolécules biologiques (CNRS/Universités de la Méditerranée et de Provence).

Le champignon filamenteux Trichoderma reesei est en effet très efficace pour dégrader les végétaux grâce à une batterie d’enzymes : des cellulases. La lignocellulose est en effet la matière première végétale la plus abondante. D'un point de vue chimique, les celluloses sont des réseaux de chaînes formées de maillons élémentaires : des sucres. Mais pour transformer la cellulose en éthanol, il faut tout d'abord la séparer de la lignine. Certains champignons comme le Pycnoporus cinnabarinus sont à ce titre particulièrement étudiés pour cette étape. La cellulose peut ensuite être hydrolysée en sucres. Grâce à sa batterie d’enzymes très efficace, Trichoderma reesei est considéré comme le champignon de référence pour transformer la cellulose de la paroi végétale en sucres simples (saccharification) dont il se nourrit. Après fermentation, les sucres simples peuvent être facilement transformés en biocarburants, comme l’éthanol.
Pour aller plus loin dans la connaissance de ce champignon, l’équipe de glycogénomique dirigée par Bernard Henrissat du laboratoire Architecture et fonction des macromolécules biologiques, ont analysé son génome. Les résultats de ces recherches publiés dans le magazine Nature biotechnology*, révèlent contre toute attente que ce champignon ne possède qu’un nombre très faible de gènes codant pour des cellulases (hemicellulases et pectinases), bien moindre que ce qui est trouvé habituellement chez les champignons capables de dégrader la paroi des plantes. D’abord interprétées comme une mauvaise nouvelle, les limitations de cet organisme modèle sont finalement une aubaine. Les scientifiques vont pouvoir chercher quels gènes pourraient être ajoutées au patrimoine du champignon en vue d’améliorer le cocktail enzymatique et obtenir une saccharification plus efficace pour produire du bioéthanol.
Pour la petite histoire, rappelons le champignon filamenteux Trichoderma reesei a été découvert pendant la 2ème guerre mondiale dans le Pacifique Sud, où il était responsable de la dégradation des équipements de l’armée américaine. Aucune toile de coton ne lui résistait. F.ROUSSEL 16/05/2008
http://www.actu-environnement.com/ae/news/champignons_carburants_biomasse_5070.php4
*référence : Nature Biotechnology 26, 553 – 560. Doi :10.1038/nbt1403

Agrocarburants : Les banques montrées du doigt



L’association environnementale internationale Les Amis de la Terre vient de publier un rapport mettant en lumière l’implication des grandes banques européennes dans le financement de la production des agrocarburants en Amérique latine. Les investissements concernent aussi bien la canne à sucre, le soja que l’huile de palme. D’après le rapport, ce sont plus d’une quarantaine d’organismes financiers européens qui ont investi ces dernières années plusieurs milliards d’euros dans ce secteur industriel. Dans le peloton de tête des banques on retrouve par ordre d’engagement : la Deutsche Bank (Allemagne), Barclays (Royaume-Uni) , BNP Paribas (France), HSBC (Royaume-Uni) et UBS (Suisse).

Lors de la présentation du rapport, Yann Louvel, chargé de campagne Finance privée aux Amis de la Terre France a déclaré : “Les agrocarburants constituent un business en plein boom dans lequel les banques françaises ont largement investi alors que des millions de personnes souffrent de la famine et que la destruction de l'environnement se poursuit. Les banques doivent immédiatement stopper leurs investissements dans ce secteur”. L’association profite aussi de cette occasion pour demander à la Commission Européenne de réviser son objectif de 10% d'agrocarburants obligatoires dans les transports d'ici 2020, citant Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation qui a qualifié dernièrement cet objectif d’ « irresponsable ».



Ce rapport illustre, une fois de plus, le double discours de nombreux acteurs économiques qui,
d’un côté mettent l’argument « développement durable » à toutes les sauces dans leurs communications et publicités, et d’un autre côté poursuivent un développement aveugle et destructeur.

Pour mémoire, d’après une estimation du FMI (Fonds monétaire international), les agrocarburants sont responsables pour 70 % de
l’augmentation récente des cours mondiaux du maïs et pour 40 % de celle du soja.

Michel Sage 21/05/2008
http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3152

mardi 27 mai 2008

Biocarburant : le bénéfice à l’usage est nul


Présentés il y a un an comme une solution d’avenir, les biocarburants sont aujourd’hui de plus en plus décriés au fur et à mesure que les conditions de leur production apparaissent (concurrence avec les cultures à vocation alimentaire, déforestation pour acquisition de nouvelles terres, pratiques agricoles destructrices, etc.). En outre, leur bilan global demeure très incertain ; en effet après avoir présenté en 2002 une étude mettant en avant un fort bénéfice des agrocarburants, tant en matière de gaz à effet de serre que de rendement énergétique, l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) est appelée à revoir sa copie.
La première version, confiée au cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC), a vu sa crédibilité mise en cause par un audit mené à la demande de l’ADEME et de l’IFP (Institut Français du Pétrole). La méthode de calcul serait inadaptée, en conduisant à affecter aux produits dérivés de la production de biocarburant des coûts énergétiques et environnementaux beaucoup plus importants que la réalité. Autrement dit, l’étude imputerait une partie non négligeable de l’impact de la production des biocarburants à la production d’aliments pour le bétail qui en découle, améliorant ainsi de façon notable le bilan des carburants d’origine végétale.Dans l’attente d’une nouvelle étude déterminant réellement leur bilan environnemental et énergétique global, un éclairage vient d’être apporté quant à leur utilisation. Réalisée par l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise (OVE), en collaboration avec l’Union Technique de l’Automobile, du Motocycle et du Cycle (UTAC), cette nouvelle étude permet de comparer les émissions de divers polluants des 4 familles de carburants disponibles sur le marché : essence/E85 (85 % d’Ethanol et 15 % d’essence sans plomb) et gasoil/biodiesel B30 (30 % d’ester de colza et 70 % de gasoil). En outre, les consommations de carburant sont évaluées pour un véhicule milieu de gamme, équipé tantôt d’un moteur essence flex-fuel, tantôt d’un moteur diesel. Pour le véhicule flex-fuel, le test montre des résultats globalement équivalents pour les émissions de CO2 (1), NOx (2) et une combustion un peu plus complète de l’essence que de l’E85. Si pour les émissions de CO (3), l’E85 permet d’obtenir des émissions 2 fois moindres, à l’inverse, en matière de consommation l’E85 nécessite de passer plus régulièrement à la pompe avec une consommation 30 % plus élevée. Pour la motorisation diesel, la comparaison d’un diesel 'pur pétrole' et du mélange B30 montre des résultats quasiment similaires sur tous les points avec un très léger avantage au diesel pur.
Pascal Farcy /
http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3117
En conclusion, même si cette étude est incomplète en n’évaluant pas, par exemple, les émissions très nocives de particules fines du diesel et du B30, elle montre qu’en terme de rejet de polluants les biocarburants n’apportent pratiquement aucun intérêt par rapport aux versions 100 % d’origine pétrolière, alors que dans le même temps leur production pose nombre de problèmes.
1- A faible dose, le dioxyde ce carbone est source de problème respiratoire et notamment un important facteur d’asthme.
2- Le dioxyde d’azote est un gaz irritant qui altère la respiration et favorise les crises chez les asthmatiques.
3- A faible dose, le monoxyde de carbone limite la capacité d’oxygénation des principaux organes et des muscles. Il est particulièrement nocif pour les fœtus.

vendredi 23 mai 2008

l’investissement citoyen dans la production d’énergies renouvelables









Le département possède de nombreuses ressources solaires qui peuvent être valorisées sous forme d’électricité. Ceci représente un potentiel de développement local intéressant. Des initiatives privées se développent, motivées par une logique de rentabilité financière.
D’autres solutions, impliquant financièrement les collectivités locales et la société civile existent. Elles ajoutent à la dimension financière des projets, des préoccupations d’intérêt général.

Les associations Hespul et Nef, qui ont conduit une étude au niveau européen sur des initiatives d’investissements financiers citoyens dans des opérations collectives de production d’énergie photovoltaïque et éolienne viendront témoigner de leur expérience le 31mai, à 14 heures, dans la salle de l’Ermitage.

dimanche 11 mai 2008

Formation jardinage biologique, le 24 mai 2008


Troisième module de la formation Entretenir et faire fructifier son jardin, le samedi 24 mai 2008. Cette séance a pour objectif de permettre aux participants de savoir comment intervenir pour protéger et gérer leurs cultures afin de les faire fructifier en dépit des contraintes de maladies et ravageurs, “mauvaises” herbes, sècheresse, etc.
PROGRAMME
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La protection des plantes : Face aux maladies et aux ravageurs des végétaux, la prévention fait partie intrinsèque des fondamentaux du jardinage bio. Des moyens préventifs existent, évoqués lors des précédentes séances : jardin diversifié, accueillant pour les auxiliaires ; utilisation maîtrisée des apports d’engrais ; associations et rotations judicieuses... L’application de ces concepts sera de nouveau abordée en faisant un lien précis avec les dégâts à éviter. Restent les cas où il faut pourvoir intervenir : après avoir fait le tour des principaux ravageurs et maladies, les pratiques de traitement respectueuses du vivant (extraits végétaux, et autres produits biologiques...) seront étudiées, pour savoir dans quels cas et de quelles manières les appliquer.
- La gestion des cultures : La fin du printemps voit la prolifération des “mauvaises” herbes pour certaines cultures et l’été fait apparaître les premières préoccupations en matière de tuteurage et d’ombrage et surtout, d’économie d’eau. La formation évoquera comment le paillage en particulier répond à la plupart de ces préoccupations, avec certaines précautions d’emploi. L’étude portera également sur les végétaux les mieux adaptés à la sécheresse et à la concurrence, ainsi que les voisinages les plus favorables.
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Public concerné, tout adhérent de l’association GESPER intéressé par le jardinage biologique. Intervenante, Christel FERRE, éducatrice technique spécialisée en aménagement rural et paysager. Nombre de participants, 15 maximum. Lieu, Plateforme pédagogique de GESPER (6 rue Lavoisier, ZI Saint Christophe 04000 Digne-les-Bains). Date et horaires, samedi 24 mai 2008 de 9h à 17h (pause déjeuner de 12h à 13h, amener son panier-repas pour le midi. Equipement fourni, matériel de jardinage. Equipement à prévoir, tenue adéquate et de quoi prendre des notes. Rendez-vous, 9h sur le site (covoiturage envisageable auprès de l’association).
Participation aux frais et modalités d’inscription : adhésion
annuelle à l’association (10 €) + participation en fonction des revenus ouvrant droit à une déduction fiscale (égale à 66% du montant des sommes versées dans la limite d'un plafond égal à 20% du revenu imposable pour les particuliers). Possibilité de facilité d’accès à la formation pour les personnes non imposables (contacter l’association Gesper).
Inscriptions et renseignements : GESPER, 04 92 34 33 54 ou gquaglino.gesper@orange.fr
Prochaine séance de la
formation Jardinage biologique : Récolter et préparer l’hiver de son jardin, le 13 septembre 2008.

vendredi 2 mai 2008

Tchernobyl


Il y a 22 ans, le 26 avril 1986, le réacteur nucléaire de Tchernobyl explosait.
Un ouvrage considérable a été publié récemment en langue russe sous la direction du Professeur Alexei Yablokov, à Saint-Pétersbourg, sur les conséquences de cette catastrophe. « L'intérêt et la portée de ce livre de 376 pages en russe, qui contient 826 titres de publications scientifiques dans sa bibliographie, m'ont poussé à l'aider à franchir la barrière linguistique, qui constitue malheureusement l'un des moyens efficaces et gratuits à la disposition du lobby nucléaire pour empêcher que la vérité se fasse jour. Je vous envoie la version réduite, que je viens de traduire, de cet ouvrage, dont l'idée principale est de présenter de façon brève et systématique les résultats de la grande masse des recherches consacrées aux différentes conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Publiées en langue russe ces recherches sont inconnues en occident. Ce livre réalisé par le professeur Yablokov révèle que la lutte n'a pas cessé. Nous nous devons de la soutenir. » Wladimir Tchertkoff

TCHERNOBYL, Conséquences de la catastrophe pour l’homme et le nature de Alexei V. Yablokov, Vassili B. Nesterenko, Alexei V. Nesterenko (2007)

Dure vérité sur la catastrophe de Tchernobyl
L’explosion du quatrième bloc de la centrale nucléaire de Tchernobyl le 26 avril 1986 coupa la vie de millions d’habitants de la planète en deux parties : l’AVANT et l’APRÈS Tchernobyl. La catastrophe de Tchernobyl est un alliage complexe où se confondent aventurisme technocratique et héroïsme de la part des liquidateurs, solidarité humaine et couardise de la part des hommes politiques (qui ont eu peur de prévenir leurs populations de l’énorme risque, multipliant le nombre de victimes innocentes), souffrances des uns et intérêt des autres. […] Les vingt années qui se sont écoulées depuis la catastrophe nous ont clairement démontré que l’énergie atomique recèle bien davantage de danger que les armes nucléaires : le rejet d’un seul réacteur a provoqué une contamination cent fois supérieure à la contamination due aux bombes lâchées sur Hiroshima et Nagasaki. Il est évident aujourd’hui qu’un seul réacteur nucléaire est capable de contaminer dangereusement la moitié du globe terrestre. Il est devenu évident que les habitants d’aucun pays de la planète ne peuvent plus compter sur leurs gouvernements pour les protéger d’une contamination radiologique apportée par le vent on ne sait d’où. […]
La contamination des territoires
Il est nécessaire d’établir le caractère et les dimensions de la contamination causée par Tchernobyl pour évaluer les conséquences de cette catastrophe. Le nuage de Tchernobyl a fait au moins deux fois le tour de la Terre, en laissant des traces principalement dans l’hémisphère nord. […] Combien de personnes ont été touchées par la contamination de Tchernobyl ?
Contamination radioactive

Dans l’ensemble, une grande partie des radionucléides gazeux et aérosols, expulsés du 4ème réacteur de la centrale de Tchernobyl s’est déposée hors des frontières du Bélarus, d’Ukraine et de la partie européenne de la Russie. […] Selon certaines données, l’Europe a reçu 68-89% de radionucléides gazeux et aérosols déposés sur la terre ferme par les nuages de Tchernobyl. Ils se sont distribués de façon extrêmement irrégulière. Pendant les rejets actifs du réacteur (du 26 avril au 5 mai 1986) le vent autour de Tchernobyl s’est déployé à 360°, en conséquence de quoi les rejets radioactifs (composés de radionucléides différents suivant les jours) ont couvert de grandes étendues. […] Les rejets des radionucléides du réacteur en feu ont duré jusqu’à la mi mai. Chaque rejet avait sa propre géographie et composition de contamination. Il n’y a pas de données instrumentales de contamination de tous les pays d’Europe par tous les radionucléides de Tchernobyl, et désormais il n’yen aura plus jamais. Les données calculées (sur 1 km2 en moyenne) ne sont publiées que pour le césium 137 et le plutonium. La contamination par le césium 137 de Tchernobyl a touché tous les pays européens sans exception. […] En résumant sommairement, la contamination radioactive de Tchernobyl a touché près de 400 millions de personnes (205 millions en Europe et environ 200 millions hors de l’Europe), à un niveau de 4 kBq/m2 (0,1Ci/km2) et plus.
Contamination par le plomb
2400 tonnes de plomb selon certaines, et 6720 t. selon certaines autres ont été déversées au cours des opérations d’extinction du réacteur du bloc numéro 4 en feu de la centrale de Tchernobyl. Pendant les quelques jours qui ont suivi, une partie importante de ce plomb a été rejetée dans l’atmosphère suite à sa fusion, à son ébullition et à sa sublimation dans l’incendie du réacteur.
Difficultés pour obtenir des données objectives sur les effets de la Catastrophe
Causes subjectives : 1. secret ; 2. falsification officielle sans retour des statistiques en URSS ; 3. absence d’une statistique fiable en URSS (ensuite, en Ukraine, au Bélarus et en Russie) ; 4. désir prononcé des structures gouvernementales et de l’industrie atomique, ainsi que des principales organisations intergouvernementales compétentes (AIEA et OMS) de minimiser les conséquences de Tchernobyl. […] La situation des liquidateurs est significative à cet égard (leur nombre total s’élève à plus de 800 000). Au cours des premières années après l’accident il a été interdit officiellement d’établir la corrélation entre la morbidité et la radioactivité, en conséquence de quoi les données sur la morbidité des liquidateurs, obtenues avant 1989, on été falsifiées sans retour. […] Ainsi, par exemple, dans le livret militaire de pas un seul (!) des 60 000 militaires en service, qui ont participé aux travaux de liquidation, n’a été enregistré le dépassement de la norme de 25 röntgens, alors en vigueur. En même temps, l’examen clinique de 1100 militaires liquidateurs a révélé chez 37% d’entre eux les symptômes hématologiques de la maladie des rayons, qui indique que ces personnes ont reçu plus de 25 röntgens. […]
La santé de la population
Les premières prévisions officielles des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl parlaient seulement de quelques cas supplémentaires de cancer au bout de quelques dizaines d’années. Quatre ans après, ces mêmes personnalités officielles augmentèrent le nombre des cas prévisibles à quelques dizaines (alors qu’il y avait déjà des milliers de malades). Vingt ans après, ces mêmes experts formulent la position officielle de l’AIEA et de l’OMS, selon laquelle le nombre des morts et de ceux qui mourront à cause des maladies provoquées par la catastrophe, s’élèvera à près de 9000, et le nombre des malades à quelques dizaines de mille. Près de 400 millions d’habitants de la Terre ont reçu les retombées de Tchernobyl et peuvent, eux-mêmes et leurs descendants, éprouver les conséquences négatives de l’irradiation ionisante de Tchernobyl. L’analyse de cette modification de la santé dans ses dimensions globales sera la tâche des recherches futures. La présente étude examine plus en détail les données sur la santé des populations touchées de la partie européenne de l’URSS (essentiellement, de l’Ukraine, du Bélarus et de la Russie européenne), au sujet desquelles existe une énorme quantité de publications scientifiques, peu connues en Occident. […] Habituellement, quand on mentionne les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl pour la santé des personnes, on pense à l’apparition des maladies cancéreuses. Cependant, quelle que soit leur importance, les maladies cancéreuses sont loin d’épuiser les conséquences médicales de la Catastrophe. Les maladies des systèmes circulatoire et lymphatique sont l’une des conséquences les plus répandues de la contamination radiologique de Tchernobyl chez les enfants et les adultes. Les maladies des organes circulatoires sont l’une des causes principales d’invalidité et de la mort des liquidateurs. […] L’augmentation des maladies des organes respiratoires dans les territoires de Tchernobyl est observée partout. Les maladies des organes respiratoires (cavité nasale, pharynx, trachée, bronches, poumons) constituent l’une des premières conséquences visibles de l’irradiation ionisante, - des hémorragies nasales et irritations de la gorge aux cancers des poumons. Vingt ans après la catastrophe, une grande quantité de données est apparue sur les atteintes génétiques, liées à l’irradiation supplémentaire de Tchernobyl. […] Le perfectionnement des méthodes scientifiques rendra possible un recensement plus complet de ces mutations génétiques. Toutefois on peut dire déjà, qu’en apparaissant dès les premiers jours qui on suivi l’irradiation et en augmentant le risque d’apparition de différentes maladies, la modification des structures génétiques fut la première manifestation dangereuse de la catastrophe de Tchernobyl. Même si l’irradiation de Tchernobyl ne subsistait que peu de temps (comme à Hiroshima et à Nagasaki), ses conséquences se feraient sentir suivant les lois de la génétique statistique pendant au moins une série de générations successives à partir de l’instant de la Catastrophe. L’irradiation de Tchernobyl est génétiquement plus dangereuse que celle de Hiroshima et Nagasaki, tant parce que la quantité des radionucléides rejetés par la Catastrophe dans la biosphère est des milliers de fois supérieure, qu’à cause de la composition des radionucléides. Elle a frappé et frappera les habitants dans des territoires immenses pendant des siècles, en ajoutant de nouvelles atteintes génétiques à celles déjà reçues. Les conséquences génétiques de la catastrophe de Tchernobyl toucheront des centaines de millions de personnes, parmi lesquelles : · celles qui ont subi le premier choc radiologique par les radionucléides de courte période dans le monde entier, en 1986 ; · celles qui vivent, et vivront pendant pas moins de 300 ans, dans les territoires contaminés par le strontium 90 et le césium 137, jusqu’à ce que leur niveau ne baisse jusqu’à celui du fond naturel ; · celles qui vivront dans les territoires contaminés par le plutonium et l’américium pendant des milliers d’années ;· les enfants des géniteurs irradiés pendant sept générations (même s’ils vivront dans des territoires propres).
Contamination de l’atmosphère, des eaux et des sols
Suite à la migration verticale des radionucléides, ceux-ci seront assimilés en quantités importantes par les végétaux, dont les racines se trouvent dans les couches inférieures du sol. Capturés par les racines, les radionucléides qui se sont enfoncés dans le sol, se retrouvent une deuxième fois en surface (dans les parties superficielles des végétaux), et entrent dans les chaînes alimentaires. C’est l’un des mécanismes observés ces dernières années de l’augmentation de la contamination interne de la population dans les territoires contaminés.
Expérimentation de l’emploi d’entéroabsorbants pour l’élimination des radionucléides de l’organisme
Une teneur élevée des principaux aliments de production locale en césium 137 dans les territoires contaminés comporte le danger de l’accumulation d’une quantité dangereuse de radionucléides dans l’organisme humain, principalement chez les enfants. Cette accumulation des radionucléides constitue la cause principale de l’aggravation de la santé des enfants dans les territoires contaminés. Ici ce problème est examiné sur la base de l’expérience obtenue au Bélarus. Comme cela a été montré par Y. I. Bandajevsky et al., à partir de 50 Bq/kg d’accumulation du césium 137 dans l’organisme de l’enfant des altérations pathologiques peuvent apparaître dans les systèmes vitaux (cardio-vasculaire, nerveux, endocrinien, immunitaire), dans les reins, foie, yeux et autres organes, la production de l’immunoglobuline est altérée dans l’organisme. Les études scientifiques effectuée dans le Centre de médecine radiologique d’Ukraine et dans l’Institut de médecine et d’endocrinologie du ministère de la Santé du Bélarus sont arrivées à la conclusion, que l’introduction plusieurs fois par an de produits vitaminés à base de pectine dans la ration alimentaire des habitants des régions de Tchernobyl favorise une élimination efficace des radionucléides incorporés du corps humain.
Conclusion
Des dizaines de tonnes de radionucléides de Tchernobyl, éjectés par le réacteur explosé (leur radioactivité surpasse plusieurs centaines de fois les rejets des bombes atomiques qui ont détruit Hiroshima et Nagasaki), sont tombées, au cours du lointain printemps et de l’été 1986, sur les territoires où vivaient des centaines de millions de personnes qui n’avaient rien à voir avec la dangereuse industrie atomique. […] La vie normale de dizaines de millions de personnes a été perturbée. Des millions de personnes innocentes ont déjà payé de leur santé les erreurs des nucléaristes. Mais pour plus de six millions de personnes, qui habitent encore aujourd’hui dans les territoires dangereusement contaminés (et qui le seront encore pendant de nombreuses dizaines d’années), se pose quotidiennement le problème : comment continuer à vivre ? Dans les territoires contaminés par les dépôts de Tchernobyl il est dangereux de s’occuper d’agriculture, il est dangereux de cultiver les forêts, dangereux de pêcher le poisson et de chasser le gibier, il est dangereux de consommer les denrées produites localement sans contrôler leur radioactivité, dangereux de boire le lait et même l’eau. A ceux qui vivent dans ces territoires (ou qui y ont vécu, ou qui se sont trouvés parmi les liquidateurs) la question se pose de comment éviter la tragédie de la naissance d’un fils ou d’une fille avec de graves affections héréditaires provoquées par l’irradiation ?

Tout ce qui précède est le résumé du “digest” réalisé par Wladimir Tchertkoff ; le résumé français du livre d'Alexei Yablokov (57 pages, mars 2008) peut être obtenu sur demande à vertelectro@lesverts.fr